Avant-propos par Pierre LeMoine

10/07/2015 13:57
AVANT PROPOS, par Pierre LEMOINE,
Ex-Président de l’UFCE.
La Bretagne n’est pas la France.
Le temps est venu pour que notre pays réapparaisse dans le concert des nations souveraines.
Pour la célébration de son soixantième anniversaire, l’Union Fédéraliste des Communautés Européennes
(UFCE, ou FUEN, ou FUEV), a décidé de tenir son congrès à Bruxelles durant la session d’automne du
Parlement Européen.
Afin d’associer la Bretagne à cette importante manifestation, qui sera un événement historique pour toutes les
nations sans Etat de notre continent, la Fondation de Bretagne a décidé de publier un résumé des événements
qui ont conduit notre pays, l’un des plus puissants d’Europe au moment de son annexion par la France, à la fin
du XVème siècle, à devenir une nation sans Etat et sans gouvernement, colonisée par le pays envahisseur, en violation
des normes juridiques internationales du temps.
L’UFCE a été fondée par le Breton Joseph MARTRAY, en 1949. Cet homme remarquable nous a quitté au mois
de mai 2009, à l’âge de 95 ans, après une longue vie consacrée à la défense et à la promotion de la Bretagne, et
de toutes les communautés minoritaires d’Europe. 
Forte d’environ 150 organisations membres, réparties dans 42 pays d’Europe, cette organisation non gouvernementale
(ONG ou NGO), grâce à ses statuts parcipitatif ou consultatif près le Conseil de l’Europe, l’ONU et l’OSCE,
reste à l’avant-garde des revendications, résolutions, recommandations et directives européennes et mondiales
en faveur des langues et des cultures minorisées, souvent menacées de mort.
Au moment ou de nombreux petits pays d’Europe, autrefois indépendants, ont retrouvé leur Liberté, demandé et
obtenu d’intégrer l’Union européenne, il est important de poser ces deux questions, fondamentales pour la Bretagne :
Notre pays a-t-il les moyens de retrouver son statut d’Etat souverain au sein de l’Union européenne ?
Si la réponse est positive, pourquoi ce retard dans l’accession au statut d’une puissance souveraine de plein droit ?
Les Bretons et les Européens qui liront les lignes qui suivent jugeront librement et sereinement. Ce qu’ils n’ont pu
faire jusqu’à présent, tant il est vrai que la France, par la maîtrise des carrières et des programmes scolaires et universitaires,
par le discours unique qu’elle a pu imposer jusqu’à une époque très récente, par la censure offcielle et
l’autocensure, par les dangers encourus par ceux qui se seraient opposés à l’Etat central, a réussi à occulter la vérité.
En substituant son histoire à celle des Bretons, en la tronquant et en la falsifant d’ailleurs largement, la France a
volé aux Bretons leur passé prestigieux. Comme dans tous les pays acculturés par la force, cette amputation
laisse dans les esprits des blessures profondes. A la lecture du texte qui suit, en dépit de son faible volume,
le lecteur saura enfin, d’une manière assez précise, ce qu’est la Bretagne, et ce que fut le drame épouvantable que
les Bretons ont vécu, après les invasions françaises de la fin du XVème siècle, surtout après la « révolution » de 1789,
cette dernière ayant constitué une véritable désastre pour le pays et pour ses habitants, marquant le début d’une
autre phase coloniale, celle-ci impitoyable.
La Bretagne est une péninsule située à l’extrême ouest du continent européen. Sa superficie, avec les cinq
départements dont elle est composée (le Finistère, le Morbihan, les Côtes d’Armor, l’Ille et Vilaine, la Loire
Atlantique), est de 35000 km2 carrés environ. Cela la situe, quant à son étendue, à peu de choses près,
au même niveau que le Danemark (43000 km2 carrés), les Pays Bas (41500 km2 carrés), la Suisse (41000 km2 carrés),
la Belgique (30500 km2 carrés), tous pays qui se sont illustrés dans l’histoire, malgré leur relative exiguïté, par
des destins exceptionnels, et qui restent, à l’heure actuelle, des exemples enviés.
Au plan démographique, la population de la Bretagne est de 4,5 millions d’habitants. Elle se compare, sur
ce point, au Danemark (5,5), à la Slovaquie (5,5), à la Finlande (5,4), à la Norvège (4,9), à l’Irlande (4,5), à la Croatie
(4,3). Elle est plus peuplée que la Bosnie (3,8), l’Arménie (3,2), la Lituanie (3), la Macédoine (2,9), la Lettonie (2),
l’Estonie (1,3)...
Les Bretons sont présents partout dans le monde. Ils sont connus, identifés comme tels, rarement comme des
Français. Leur image est excellente. Avec sa diaspora, la population bretonne dépasse, croît-on, 8 millions, peut-être
10 millions d’individus. La ville de Paris compte plus d’un million de Bretons.
Par son étendue et sa population, la Bretagne est tout à fait en mesure de reprendre sa place dans le concert des pays
souverains.
Au plan économique, contrairement à ce que l’on croit, la Bretagne d’avant les invasions françaises, fut très
prospère, créative, commerçante. Au XVème siècle, elle occupait en Europe une place de premier plan, derrière
la France, l’Angleterre, les Etats Bourguignons. Sa flotte fut la deuxième d’Europe, derrière celle de l’Angleterre,
la France n’ayant alors qu’une marine embryonnaire. Ses institutions - une monarchie représentative et parlementaire
-, étaient en avance de plusieurs siècles sur celles de la France. Son prestige et son importance étaient telles,
que les princes de la dynastie ducale ne contractaient d’alliances matrimoniales qu’avec les autres puissantes familles
régnantes d’Europe, celles de France et d’Angleterre notamment.
La Bretagne, qui n’a connu de régime absolutiste qu’après son annexion, était un pays résolument pacifique. Elle n’a
été mêlée aux conflits sanglants de l’Europe qu’après son invasion par la France, pays qui fut en guerre contre tout
et tous pendant une grande partie de son histoire, d’une manière pathologique. Elle a perdu sur les champs
de bataille français, durant la guerre franco-allemande de 1914 à 1918, près de 200 000 morts, tous jeunes : cette
saignée est un drame dont elle ne s’est pas remise.
Nos historiens ont démontré par leurs recherches approfondies, que le formidable recul, la ruine de la Bretagne, non seulement
ne sont en rien imputables à une quelconque déficience ou insuffisance génétiques, comme on a tenté de le faire accroire,
mais qu’ils sont entièrement imputables à la France. Pendant cinq siècles, la France a puisé sans mesure dans ce pays prospère
des hommes pour ses armées, pour sa marine, pour ses guerres, pour ses colonisations, pour son administration.. Au
XIXème siècle, la tonte du pays est telle qu’il est ruiné : la Bretagne, pauvre arriérée, est montrée du doigt : tondue comme
un oeuf, sous le gouvernement incompétent de Paris et de ses gouverneurs - dénommés « préfets » - elle est dépouillée de
sa langue, des ses coutumes : elle n’a plus de personnalité ni de destin nationaux, les Bretons sont honteux d’eux-mêmes :
l’oeuvre civilisatrice de la France est passée par là, la colonie bretonne ressemble à un cadavre...
Aujourd’hui, en dépit du grand malheur d’être incluse dans un pays en faillite financière depuis
de longues années, géré d’une manière désastreuse par deux ou trois clans politiques qui se partagent le pouvoir
alternativement ou simultanément, selon des critères clientélistes résolument non démocratiques, à la fiscalité
la plus lourde du monde, la Bretagne conserve une place très honorable par sa créativité, le caractère travailleur de
ses habitants, l’exploitation rationnelle de ses richesses naturelles.
Celles-ci, non inventoriées encore d’une manière complète, sont susceptibles de générer dans le futur des
ressources importantes : son littoral atteint près de 3000 km - soit 42% des côtes de l’hexagone -, les sites portuaires
naturels sont nombreux, ses ressources potentielles en énergie son considérables (les vents, les courants marins
et sous marins, le très vaste plateau continental, non encore exploré...). La créativité de sa population, largement
reconnue, est de nature à permettre au pays, dès lors qu’il se gouvernera par son propre génie, de créer de nouveaux
secteurs d’activités, tels que l’informatique, la banque, la gestion des actifs internationaux (comme la Suisse, Hong
Kong...), la pisciculture... Il sera loisible à la Bretagne, dans le cadre de ses droits souverains, d’instituer une fiscalité
transparente, mais modérée, simple, stable et rationnelle, exemplaire par sa rigueur.
Le PIB (Produit intérieur brut) moyen de la Bretagne par habitant est de quatre à dix fois plus important que celui
des douze petits pays récemment admis dans l’Union européenne. La balance commerciale de la Bretagne est nettement positive, et présente chaque année des excédents.
Au plan économique, si on la compare à des pays nettement moins favorisés qu’elle, la Bretagne a une carte majeure
à jouer.
En dépit des nombreux confits avec la France, la Bretagne avait su conserver les mêmes limites territoriales depuis le
IXème siècle, sans guère de modification notable, jusqu’à la dernière guerre mondiale. C’est un fait rare dans l’histoire
de l’Europe. Depuis un décret de 1941, publié alors que la France est occupée par les Allemands, la Bretagne est
amputée d’un cinquième de son territoire et d’un quart de sa population. Malgré le voeu de ses habitants, et les
demandes réitérées et unanimes de ses élus, la France - ce pays qui se flatte d’avoir inventé les droits de l’homme,
pire : d’avoir apporté la liberté au monde, ce qu’elle ose prétendre (!) -, refuse avec une obstination digne d’un
pays totalitaire, de réintégrer la Loire Atlantique dans le territoire national des Bretons. Ce scandale est connu
du monde entier, comme d’ailleurs l’assassinat de la langue bretonne et le génocide brito-vendéen de 1793 et
1794. L’ONU, le Conseil de l’Europe, d’autres instances internationales ont été saisis d’une manière répétitive. Le
droit international interdit d’une manière péremptoire de tels agissements : la France continue
à violer le droit en Bretagne, ce qu’elle n’a cessé de faire depuis l’annexion dont elle est victime.
Les Anglais n’ont jamais cultivé l’absurdité de considérer que les Ecossais, les Gallois, les
Irlandais appartiennent à la même nation qu’eux. Les Français l’ont fait : à partir de 1789, les Bretons, peuple beaucoup plus ancien,
identifié plusieurs siècles avant Jésus-Christ, ont été incorporés par le terrorisme intellectuel dans la nation française. Persécutés,
ils n’ont plus osé penser autre chose, pendant plus d’un siècle et demi : les droits de l’homme, revus et corrigés à Paris, interdisaient
de revendiquer une autre identité que celle des Français.
La vérité est aujourd’hui définitivement rétablie : La Bretagne n’est pas la France, elle ne l’a jamais été, elle ne le sera JAMAIS.
La situation géographique exceptionnelle de notre Pays, son patrimoine culturel et artistique, son héritage historique
et intellectuel, sa civilisation originale, son fort potentiel économique, son agriculture riche, largement exportatrice,
son vaste littoral, son territoire sous marin, ses ressources humaines, constituent des atouts, et font de la Bretagne un pays très original, non assimilable à aucun autre.
Afin que tous connaissent l’essentiel de notre véritable histoire, dont la découverte va certainement créer la stupeur
chez de nombreux lecteurs, tant sont graves les exactions dont a été victime la Bretagne, il est temps
de laisser l’écriture au professeur Louis MELENNEC, qui a accepté de diriger notre collectif. L’ouvrage qu’on va lire
est bref par son volume, majeur par son contenu. Nous pensons qu’il va constituer un événement important et mobilisateur
dans l’histoire de notre Pays.
Architecte Pierre LEMOINE,
Ancien Président de l’UFCE

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