Chapitre Annexe ( Page 89 à 92)

16/07/2015 20:35

CHAPITRE ANNEXE. 

 

LA GRENOUILLE QUI VEUT SE FAIRE PLUS GROSSE QUE LE BŒUF, et qui va éclater, non de son embonpoint, mais de son ridicule. 

 

(Ce texte a été publié, par France Inter. Voir : L'invention de la France Mélennec, dans Google). 

 

Envisagé du côté breton, le sentiment de suffisance et de supériorité affiché par les Français, la croyance d'incar- ner à eux seuls toutes les cultures, toutes les sensibilités incluses dans ce qu'on dénomme «l'hexagone», paraît non pas seulement stupide, mais grotesque. Plus invrai- semblable encore est l'idée, fortement ancrée dans leurs cerveaux, que la Bretagne est française, que le contraire est inimaginable, et que les Bretons considèrent comme un honneur cette situation, eux qui ont été persécutés pendant plusieurs siècles, qui ont perdu leur langue par assassinat, et des centaines de milliers des leurs pour satisfaire aux exigences du nationalisme français agressif et destructeur, enseigné comme une merveille de l'histoire de l'humanité jusqu'à une période toute récente (l'immense tache rose des cartes murales des écoles et des lycées, répartie sur les cinq continents, figurant «l'Empire» conquis par les armes françaises), tandis que le timide nationalisme breton était stigmatisé comme un crime. 

 

Les temps, par bonheur pour le peuple martyr breton, ont bien changé. Voici quelques extraits de l'introduction d'un livre fort intéressant, écrit par Guy Hermet, spécialiste en sciences politiques (Histoire des nations et du nationalisme en Europe, Paris, 1996, éditions du Seuil, pages 9 et 10) : 

 

«En 1990, un historien britannique croyait voir poindre les derniers instants d'une passion moribonde... Le nationa lisme, tout comme le sentiment national ou le patriotisme semblaient bien passés de mode. Les auteurs qui persis- taient à s'intéresser au processus fondateur des nations de l'Europe ne bénéficiaient plus guère que de la révérence polie rendue à l'abnégation érudite de ceux qui se consa- crent encore à des sujets tombés en désuétude. 

 

«Mais tout a changé en un rien de temps, depuis que le nationalisme s'est incarné soudain dans le combat féroce des «clans bosniaques»... Ce n'était pas que les réflexes na- tionaux eussent disparu des démocraties occidentales. Ils subsistaient ... Mais comme le bon ton obligeait à (les) condamner avec horreur, l'horreur réveillée fournissait à point nommé l'objet commode de sa détestation ..; le rejet de ces petits nationalistes perturbateurs s'est donc exprimé sans inventaire préalable .... comme au siècle dernier, lorsque les grandes puissances du moment HONNISSAIENT CHEZ LES AUTRES CE QU'ELLES AVAIENT ACQUIS POUR ELLES MÊMES». 

 

Pauvre France ! Après avoir écrasé avec une fureur san- guinaire tout ce qui ne ressemblait pas au modèle absurde fabriqué de toutes pièces par ses théoriciens fanfarons - Michelet, Jules Ferry, Lavisse et autres -, la voilà qui part en débris, incapable qu'elle est, même, de mettre sur pied un débat national sur son Identité, obligée de renoncer à son éphémère ministère de l'identité nationale, et tournée en ridicule au nom de ce qu'on dénomme l'universalisme, par lequel on veut la dissoudre, comme un corps jeté dans l'acide chlorhydrique : la France a honte de s'assumer comme Nation.  

 

Dans le même temps, les Bretons, que l'on croyait étouffés à jamais, renaissent : ils redécouvrent leur histoire, qui avait été falsifiée, ils renouent avec leurs origines par delà les débuts de notre ère, découvrent l'antiquité de leur culture, sa continuité dans le temps, tandis que les jeunes de Bretagne arborent avec fierté, désormais, leur identité retrouvée, en même temps que leurs symboles nationaux : 

LA BRETAGNE EST FIERE DE S'ASSUMER COMME UN PEUPLE, COMME UNE NATION, COMME UNE CIVILISATION. 

 

Nous n'avons aucune raison de plaindre la France : mais nous considérons aujourd'hui ses interrogations identi- taires avec compassion et pitié. Le débat initié il y a très peu d'années par l'Etat français était aussi respectable que le nôtre, pourtant. Une coalition de semi-insuffisants intel- lectuels, l'a fait échouer. Puissions nous nous dégager à temps de ce pays en train de couler sous nos yeux, par la faute et l'incompétence de ses dirigeants, en même temps que de celles de ce qu'elle accepte de considérer comme des « intellectuels », ce qu'ils ne sont pas, relevant seule- ment d'une secte aussi bête que méchante. Relevons une perle de ces pauvres gens, qui ont fait reculer ce qu'il y a de plus fondamental pour l'être humain : ce qu'il est, d'où il vient, où il va, l'avenir qu'il souhaite pour le peuple auquel il appartient : 

« Il est temps de réaffirmer publiquement, contre ce rapt nationaliste de l'idée de nation, les idéaux universalistes, qui sont le fondement de notre république .... il met en danger la démocratie » (!!!). 

Disons le tout net : littérairement c'est très mauvais, politiquement, c'est ridicule ! 

Nous, Bretons, affirmons notre droit à être ce que nous sommes, nous disons que nous sommes plus respectueux que beaucoup d'autres des valeurs universelles, que nous considérons comme consubstantielles à l'espèce humaine les cultures et les civilisations dans leur diversité, enri- chissante pour tous. Tout individu a le droit d'avoir une identité nationale, et de connaître son histoire, comme il a le droit de se connaître lui-même, et les composantes de sa personnalité. L'histoire de son peuple, même approxi- mative et inexacte, est l'une des composantes principales de sa personnalité, ce par quoi il existe et tient debout, à la manière d'une plante, qui ne peut croître et prospérer sans un tuteur qui lui permet de grimper et d'exister. Uni- versalistes ? Oui, messieurs, nous en connaissons qui vous ressemblent : le seul résultat tangible dont ils peuvent s'enorgueillir, est d'avoir sur la conscience cent millions de victimes innocentes : donc, passez votre chemin. Il est regrettable que la France, quel que soit le contentieux qui nous oppose depuis tant de siècles, ait baissé pavillon devant vous, et que le gouvernement français ait si mal conduit ce noble débat, celui du droit inaliénable de s'in- terroger, comme tous les autres peuples du monde, sur son identité, et de vouloir la sauvegarder, ce qui est non pas son droit strict, mais son devoir pour les populations qui l'ont construite et faite ce qu'elle est. 

 

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