II / Chapitre deuxième : les Histoires de Bretagne de Dom Lobineau (1707) et de Dom Morice (1742 à 1756) cxiv -

29/09/2019 14:58

II / Chapitre deuxième : les Histoires de Bretagne de Dom Lobineau (1707) et de Dom Morice (1742 à 1756) cxiv.

On ne sait si les réfutations de Vignier eurent un grand succès de librairie cxv ; c'est peu probable. Les bureaux de Versailles s'en servirent – avec d'autres ouvrages ultérieurs – chaque fois qu'ils en eurent besoin pour contrecarrer les Bretons. L'histoire de d'Argentré eut un grand retentissement. Les exemplaires interdits à la vente en 1583 furent subtilisés par le libraire et remis en circulation peu à peu avec les volumes expurgés, sous une couverture frappée du même millésime cxvi. Le livre fut plusieurs fois réédité au dix-septième siècle. Le "D'Argentré" fut la référence obligée jusqu'à l'apparition de l'ouvrage de Dom Lobineau en 1707. D'autant que l'histoire de Pierre Le Baud, très inférieure en qualité, et vieillie de style comme de fond, ne fut éditée qu'en 1638, par d'Hozier.

L'histoire de la Province se déroula sans heurt majeur et sans soulèvement jusqu'à la ligue puis, celle-ci vaincue, jusqu'en 1675.

La grande affaire du règne de François Ier avait été la réunion. Son fils aîné, le dauphin François, fut couronné à Rennes sous le nom de François III, le 13 août 1532 cxvii. Puis il disparut de l'horizon breton. François Ier gouverna la Bretagne au nom de son fils, en qualité de "père, légitime administrateur et usufructuaire des biens de son fils, duc et seigneur propriétaire des pays et duché de Bretagne". Le dauphin mourut en 1536. Son frère Henri devint duc. Son père tenta de lui donner le duché en avancement d'hoirie ; mais il fut rappelé à l'ordre par le parlement de Paris, celui-ci considérant que le duché faisait partie des terres et seigneuries de la Couronne, ne pouvait être donné, en tout ou en partie, pas plus que légué aux enfants de France cxviii. Le nouveau duc exerça quelques prérogatives dans le duché, mais le roi continua à assumer le gouvernement général de la même manière qu'auparavant cxix. A la mort de François Ier, en 1547, le nouveau roi Henri II cumula sur sa tête la double qualité de roi de France et de duc de Bretagne.

Les règnes de Henri II et Henri III – jusqu'à la ligue – cxx se déroulèrent sans événement majeur. Les rapports britto-français, pour n'être pas entièrement pacifiques, ne furent marqués par aucun événement sanglant : les rois demandaient de l'argent ; les États renâclaient ; on finissait par trouver un terrain d'accord, et l'on votait. On recommençait à la session suivante, deux ans plus tard ; la mécanique était assez bien huilée, quoique avec de nombreux grincements cxxi.

Durant  cette époque, la doctrine royale se renforce ; chaque fois qu'on le peut, on rappelle que les États ont réclamé eux-mêmes leur rattachement à la couronne cxxii ; bientôt, on affirme que le duché a toujours fait partie de la couronne ; il en a seulement été séparé pendant longtemps cxxiii.

Il n'est pas exact de dire que la Bretagne n'ait pas souhaité retrouver son ancienne liberté et sa splendeur. Le duc de Mercœur, nommé gouverneur de Bretagne en 1582, aurait certainement rétabli la souveraineté du duché au bénéfice de sa femme Marie de Luxembourg (qui descendait de Nicole de Bretagne, elle-même étant la fille de Charles de Blois, duc légitime au quatorzième siècle) et de son fils, si les circonstances avaient été favorables cxxiv : le pays se fût donné à un nouveau souverain si la balance de l'histoire avait penché d'une manière plus décisive.

Après le règne débonnaire de Henri IV, les choses reprirent leur train. Par lettres patentes du 30 mars 1646, la reine Anne d'Autriche fut nommée gouverneur de Bretagne ; surintendante de la navigation depuis l'année précédente, elle conserva jusqu'en 1666 les prérogatives de l'amirauté et du gouvernement de Bretagne.

L'arrivée de Louis XIV au pouvoir inaugura une ère nouvelle, qui faillit être fatale aux institutions bretonnes. Afin de faire face aux dépenses sans cesse accrues par les guerres, et par ses dépenses somptuaires, jamais atteintes par ses prédécesseurs, le roi utilisa des expédients financiers de plus en plus nombreux. La Bretagne fut ponctionnée de plus en plus fortement. Le don gratuit fut de un million trois cent mille livres en 1651, de un million huit cent mille livres en 1653 cxxv, de deux millions quatre cent mille livres en 1655, de deux millions cinq cent mille livres en 1667, de deux millions six cent mille livres en 1669. Cet argent était totalement perdu pour la province. Il n'était, tout compte fait, qu'un tribut versé à la puissance occupante, toujours honnie, même si les Bretons affectaient de témoigner fidélité et attachement au monarque, faute d'un autre mieux adapté. La monarchie utilisait de singuliers procédés : outre qu'elle prétendait imposer des impôts qui n'étaient pas dus, on rédigeait à Versailles des édits que l'on savait contraires aux privilèges du pays cxxvi. Au prix de marchandages qui s'apparentaient à des manœuvres d'extorsion, les édits étaient rapportés contre monnaie sonnante cxxvii.

En 1675 éclatèrent à Rennes des troubles graves cxxviii. La cause en fut le rétablissement par le gouvernement royal d'édits qui avaient été préalablement rachetés par les États. La répression fut féroce cxxix. La Bretagne, terrifiée, ne bougea plus jusqu'à la fin du règne. Notamment, elle n'osa plus guère s'opposer aux impôts qui lui étaient demandés.

1°) Elaboration des œuvres de Dom Lobineau et de Dom Morice.

C'est dans ce contexte d'une Bretagne apeurée et effrayée que furent mis en œuvre les deux monumentales œuvres dont la rédaction allait s'étaler sur plus d'un demi-siècle. Est-ce parce qu'elle ne disposait d'aucun autre moyen de s'exprimer que la Bretagne a investi dans l'entreprise des moyens aussi considérables ? Le problème mérite d'être posé.

Le seizième siècle avait été marqué par des recherches et publications non dénuées de valeur, en particulier de la part de juristes, Noël Du Fail, et Hévin cxxx. Le père Augustin du Paz, religieux appartenant à l'ordre des frères prêcheurs, docteur en théologie, publia une Histoire généalogique  de plusieurs maisons illustres de Bretagne. Il fut gratifié par les États, et mourut en 1631. Le père Albert Legrand, religieux dominicain, publia en 1636 la Vie et les miracles des saints de la Bretagne armorique ; l'ouvrage fut revu par le sieur de Missirien.

La rédaction des deux monumentales histoires publiées dans le courant du dix-huitième siècle fut principalement l'œuvre de deux hommes, Dom Lobineau et Dom Morice. Tous deux étaient bretons ; le second était né à Quimperlé en 1673.

Dom Lobineau bénéficia des travaux conduits par Audren De Kerdrel, prieur de l'abbaye de Landévennec puis de l'abbaye de Redon cxxxi. L'œuvre de Dom Morice naquit des vicissitudes de l'ouvrage de Dom Lobineau, principalement de son conflit avec la famille des Rohan cxxxii.

Les obstacles à l'entreprise étaient multiples. Il était exclu, en raison de l'étroitesse du marché et du faible nombre d'acheteurs potentiels, que les auteurs supportent, même avec l'aide de leur Ordre, les aléas de la publication. Il fallait s'adresser à des commanditaires. Ce furent les États, qui avaient déjà soutenu d'Argentré, qui assumèrent l'essentiel des charges.

Au plan intellectuel, l'entreprise était loin d'être simple. Il fallait naviguer entre des écueils multiples.

Il était nécessaire tout d'abord, si l'on voulait éviter les mésaventures de d'Argentré, ménager le pouvoir central. Dès 1689, Dom Le Large observait qu'il fallait prendre garde à " ne pas offenser la Couronne de France, en poussant la gloire des Bretons jusqu'où elle pouvoit aller, comme il arriva à d'Argentré", sans pour autant  " offenser la Nation", tout en se réservant la possibilité de " donner de l'encens à la grande noblesse de Bretagne".  En 1740, acceptant le projet de Dom Morice, les États imposèrent des exigences : " A condition, et non autrement, que son ouvrage sera communiqué avant d'être imprimé à mesdits sieurs députés qui voudront bien examiner si, dans l'histoire et les pièces, ne s'en trouveroient point qui pussent

être contraires tant au général qu'à quelques particuliers de la province". Dom Morice, pensionné par les Rohan, accepta de discuter avec eux de certains points, en particulier avec le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg. Ceux-ci prétendaient descendre de Conan Mériadec, l'illustre fondateur de la dynastie royale bretonne en Armorique ; de plus, ils tenaient à faire descendre les comtes de Porhoët des comtes de Rennes, ce point étant " le nœud de tout le travail que vous voulez bien entreprendre". Madame de Soubise et son fils, le cardinal, prétendaient obtenir de la Cour de Versailles la dignité de Princes étrangers (jusqu'à la fin de l'ancien régime, la Bretagne fut considérée comme Province réputée étrangère). En relations épistolaires avec le cardinal, et ayant émis des doutes sur l'authenticité d'une vieille charte d'Alain Fergent, duc de 1084 à 1112, il s'attira la réplique suivante, contenue dans une lettre du 6 juillet 1729 : " Quelques grandes que soient les difficultés qui vous ont arrêtées dans l'examen que vous avez fait de la charte d'Alain Fergent, et qui vous la font considérer comme suspecte, il est cependant de la dernière conséquence de ne pas abandonner cette pièce. Dût-elle être démontrée comme fausse, ce que je n'admets point, ce n'est pas à vous de le dire, et encore moins à le prouver ; il convient, au contraire, de la défendre autant qu'elle peut l'estre, et cela n'est pas, je crois, bien difficile".

Au plan financier, quelques chiffres donnent une idée de ce que fut l'ampleur de l'entreprise. Il fallut payer, non pas seulement les frais d'impression des livres, mais aussi les dépenses affectées aux recherches. Dans sa requête de 1707 aux États, Dom Lobineau estimait le coût des deux volumes de son livre et des gravures à vingt cinq mille livres environ. Pour les frais de déplacement et de séjour des rédacteurs et des chercheurs, les Mauristes estimèrent la dépense à quatre mille trois cent cinquante sept livres. Il fut attribué à Dom Lobineau, nommé historiographe des États, une rente viagère annuelle de  trois cent livres (qui fut reversée à son ordre), soit six mille livres de 1707 à 1727. Pour les cinq tomes du Dom Morice, les États déboursèrent environ trente cinq mille livres. Les Rohan pensionnèrent leur protégé à raison de huit cent livres par an, soit seize mille huit cent livres de 1729 à 1750. Ces Histoires de Bretagne ne furent donc pas de petites affaires anecdotiques. Au total, la dépense avoisina cent mille livres, somme considérable pour une entreprise de cette nature. Ce fut une affaire d'État : à vrai dire, avec leurs volumes de Preuves, ces ouvrages contenaient la mémoire de la Nation ; les Bretons en eurent conscience, et ceci explique sans doute cela.

Les péripéties de la composition des livres ont été relatées par La Borderie ; elles donnèrent lieu à des passes d'armes pittoresques, à des correspondances innombrables. Lobineau, esprit fort, cultivé, intelligent, résista avec hauteur aux tentatives de pression qui furent exercées  sur lui ; il dut cependant accepter des coupures et des retranchements.  Morice, plus doux, timide, conciliant, accepta de transiger sur plusieurs points, notamment sur l'existence de Conan Mériadec.

Les choses avancèrent lentement. Outre les censures ci-dessus, il fallut se soumettre à celle de l'ordre des Mauristes, laquelle s'exerçait à Saint Germain des Prés, par un censeur anonyme que les rédacteurs ne connaissaient pas. Les deux volumes de l'Histoire de Lobineau parurent en 1707 ; on pense que l'édition fut rapidement épuisée ; en tout cas, en 1731, on ne trouvait plus d'exemplaires dans le commerce. Lobineau mourut en 1729 ; l'œuvre ne fut pas rééditée. L'Histoire de Dom Morice parut en cinq énormes volumes de plus de mille pages chacun en 1742 (premier volume des Preuves), 1744 (deuxième volume des Preuves), 1746 (troisième volume des Preuves), 1750 (premier tome du texte), 1756 (deuxième tome du texte). Le succès fut immédiat ; on estima d'emblée se trouver devant une œuvre  de très grande qualité. Morice mourut le 14 octobre 1740. Il fallut lui trouver un successeur. On s'arrêta sur le nom de Dom Taillandier, non breton, auteur d'une Histoire de Champagne et de Brie, publiée en 1738 cxxxiii. Le deuxième tome du texte parut donc sous son nom, ce qui explique sans doute la mièvrerie du style : il est clair qu'il n'est pas concerné par les faits qu'il relate. Il survécut longtemps à son œuvre, et ne mourut qu'à la veille de la révolution, en 1788. L'Histoire de Dom Lobineau s'arrêtait en 1532 ; celle de Dom Morice s'arrêta en 1598.

Des moyens considérables furent mis en œuvre pour identifier, localiser, colliger, copier, analyser, critiquer les archives. L'équipe initiale, animée par Audren de Kerdrel puis par Lobineau se déplaça non seulement dans toute la Bretagne (en particulier, à Nantes, à Rennes, dans les abbayes…), mais aussi en Anjou, en Touraine, dans le Maine, le Perche, le Poitou, au Mont St Michel… Outre les archives des États, du parlement et des autres institutions du duché, ils eurent accès à des archives privées, en particulier, celles de Rohan, dont l'intérêt était considérable, attendu le rôle qu'ils jouèrent dans le duché tout au long de l'histoire. A un certain moment, Dom Lobineau bénéficia du concours de plusieurs personnes hautement qualifiées dans le maniement des chartes et des archives. Les correspondances échangées furent innombrables ; un certain nombre sont conservées, et fournissent de précieux renseignements sur les méthodes de travail des Mauristes. L'équipe de Dom Morice fut plus réduite. Il bénéficia de quelques collaborateurs, la plupart bénévoles, sans qualification particulière ; lui-même n'était pas un éminent chartiste. L'équipe de Dom Morice bénéficia de la quasi totalité des archives de Dom Lobineau, son apport personnel, par rapport à celui-ci fut relativement modeste.

2°) La fin de l'indépendance bretonne selon Lobineau et Dom Morice.

Les pressions multiples qui s'exercèrent sur les auteurs, et les filtres qu'ils durent traverser expliquent que leurs ouvrages ne furent originaux ni dans le fond ni dans la forme.

- Il est un point sur lequel ni Lobineau, ni Morice ne firent de concession aux Français : l'antériorité des Bretons en Armorique. C'était une pièce essentielle de la démonstration puisque, nous l'avons vu, elle avait pour but – sinon pour effet – de mettre à néant les prétentions de la France comme vraie propriétaire du duché. La position des deux auteurs était extrêmement motivée, au moyen de références multiples et de citations des auteurs anciens, des annales des abbayes… Lobineau résista aux pressions des Rohan quant aux prétentions qu'ils avaient de descendre de Conan Mériadec. Saint- Simon ironise sur cet épisode : " Non contents du rang qu'ils avoient obtenu, ils vouloient absolument être princes. Ils avoient tenté une descendance chimérique d'un Conan Mériadec qui n'exista jamais, prétendu roi de Bretagne dans les temps fabuleux… Un bénédictin nommé Lobineau fit en ces temps-ci une Histoire de Bretagne. Monsieur de Strasbourg y voulut faire insérer ce qu'il lui convenoit : le moine résista, et souffrit une persécution violente, et même publique, sans qu'il fut possible de la vaincre ; mais enfin, las des tourments et menacés de pis encore, il vint à capitulation : ce fut de retrancher tout ce qui pouvoit déplaire et nuire aux prétentions. Ces retranchements furent infinis : il les disputa pourtant pied à pied avec courage ; mais, à la fin, il fallut y et insérer faussement du Mériadec, malgré tout ce qu'il put dire et faire pour sans défendre. Il s'en plaignit à qui le voulut entendre ; il fut bien aise, pour sa réputation, que la violence ouverte de ces mutilations et de ces faussetés ajoutées par force ne fût pas ignorée. Il en encourut pour toujours la disgrâce des Rohan, qui surent lui en faire sentir la pesanteur jusque dans le fond de son cloître, et qui ne s'en sont jamais lassés" cxxxiv.

S'agissant de Conan Mériadec, Morice fut plus docile : il accepta d'en reconnaître l'existence, quoique ce ne fut pas sans difficultés, semble t-il :

" …[En 296] plusieurs familles quittèrent la Bretagne et se réfugièrent dans les Gaules … L'Empereur Constance les plaça dans le territoire des Curiosolites et des Vénètes pour y cultiver les terres vagues et inhabitées. C'est la première colonie de Bretons établie dans les Gaules, dont nous ayons connaissance… Les ravages que les Pictes, les Saxons et les Scots firent dans l'Isle de Bretagne, l'an 364, donnèrent lieu à de nouvelles transmigrations et à de nouveaux établissemens dans l'Armorique. Le plus considérable fut celui qui fit le tyran Maxime l'an 383… Maxime récompensa ceux qui l'avoient servi dans cette guerre. Personne ne l'avoit fait avec plus de générosité et de désintéressement que Conan, Prince d'Albanie, qui commandoit les troupes Bretonnes. Il avoit quitté ses États et s'estoit exposé à tous les dangers que courent les peuples révoltés contre leur légitime Souverain. Maxime lui donna la partie de l'Armorique que les Bretons occupent aujourd'hui pour la gouverner …"

"…[En 409] les Bretons et les Armoriquains prirent les armes, chassèrent les Magistrats Romains, mirent leurs villes à couvert des insultes des barbares, et changèrent la forme de leur gouvernement. Ils déférèrent la principale autorité à Conan, qui les gouvernoit depuis vingt six ans sous la dépendance des Empereurs, et ils se firent des Loix particulières. Leur exemple fut suivi par tous les Armoriquains, dont Conan était vraisemblablement le Duc, et par quelques provinces des Gaules. Conan, devenu souverain et indépendant, ne songea plus qu'à maintenir le bon ordre dans ses États…"

" …C'est vers le même temps [398] que nous croyons devoir placer la fondation des églises de Vannes, de Dol et de Quimper, qui furent établies pour la commodité des nouveaux habitants." cxxxv

Le prétendu achat par Louis XI des prétendus droits de Nicole de Bretagne à la succession du duché – cession sur laquelle se fondera Charles VIII pour envahir la Bretagne – est décrit d'une manière neutre, sans analyse juridique de fond, par aucun des deux auteurs.

Lobineau relate les faits de la manière suivante :

" Il estoit assez de bien au Roi, nonobstant la guerre, pour acheter des prétentions sur les Estats voisins. Ce fut ainsi que pour cinquante mille livres, il porta Nicole de Bretagne et Jean Brosse son mari à lui céder tous les droits  qu'il prétendoit à avoir sur le duché de Bretagne… Le roi promit par ce traité, au Comte et sa femme que quand il auroit le Duché, il les mettroit en possession de Penthièvre, de Lannion, Lamballe, Lanvolon… et qu'il les feroit jouïr de Chasteauceaux".

Lobineau ne fait aucune restriction sur la valeur de cette cession, il observe seulement : " faire de semblables traitez avec une maison de tout tens ennemis de celle du Duc, c'estoit lui déclarer en quelque sorte la guerre". cxxxvi

La version de Dom Morice est encore plus anodine : " …Comme le roi n'étoit point alors en état de porter la guerre en Bretagne, il voulut au moins donner de l'inquiétude au duc. Nicole de Bretagne qui avoit épousé Jean de Brosse, réunissoit en sa personne tous les droits de la Maison de Penthièvre, étant arriere petit fille de Jeanne la Boiteuse, épouse de Charles de Blois ou de Chatillon qui avoit disputé si long-temps le Duché à Jean de Montfort. Le roi acheta de Nicole et de Jean de Brosse, son mari, toutes les prétentions qu'ils pouvoient avoir au Duché, pour la somme de 50 000 livres. Le roi promit par ce traité qu'aussi-tôt qu'il seroit maître du Duché de Bretagne, il les mettroit en possession de Penthièvre, Lannion, Lamballe, etc…Le duc alarmé d'une cession qui, toute frivole qu'elle paraissoit alors, pouvoit devenir réelle entres les mains du Roi, crut devoir songer à sa sûreté."

La conquête du duché, décrite par d'Argentré comme une catastrophe nationale – ce qu'elle fut, en effet – est décrite par Dom Lobineau et par Dom Morice d'une manière beaucoup plus sereine. Témoin ce passage sur les hésitations de la princesse à la veille de son mariage avec Charles VIII :

" Le conseil de la princesse renouvella alors les instances qu'il avoit déjà faites pour l'engager à consentir à son mariage avec le roi. Anne de Bretagne soutint cet assaut avec fermeté, et elle opposa aux raisons de ses Conseillers les engagements qu'elle avoit contractés avec les Rois de Castille et d'Angleterre … A ces raisons, du soin qu'elle prenoit de sa gloire, elle en ajouta d'autres encore plus fortes, qui lui étoient dictées par la délicatesse de conscience. Elle avoit épousé Maximilien par Procureur, et le Roi étoit destiné à Marguerite d'Autriche. Elle ne pouvoit soutenir l'idée de rompre des engagements solemnels consacrés, par ce que la Religion a de plus saint ; et elle déclara qu'elle était résolue à s'exposer aux dernières extrémités, plutôt que de violer les Loix de l'Eglise.

Tous les Conseillers se réunirent pour combattre les raisons de la Duchesse. Madame de Laval, qui avoit été sa gouvernante, et qui conservoit encore beaucoup d'ascendants sur son esprit, se joignit à ces Seigneurs, et tous lui représentèrent avec force que c'en étoit fait de la Bretagne, si elle refusoit opiniâtrement le seul parti qui pût la délivrer des ennemis, et la sauver elle-même. Que les raisons qu'elle allégoit, n'étoient bonnes que pour les particuliers ; que les souverains se conduisoient par d'autres principes ; qu'ils se devoient à leurs Sujets, et qu'ils étoient obligés de sacrifier leurs ressentimens et leur goût à l'utilité publique ; qu'elle sçavoit par expérience que depuis trois ans qu'elle régnoit, ses peuples avoient été exposés à toutes les horreurs de la guerre ; que la Bretagne étoit ruinée, et qu'elle ne pouvoit se relever de ses pertes que par une paix durable avec la France ; que cette paix étoit entre ses mains ; que si elle la refusoit, elle alloit replonger ses Sujets dans un abîme de misère dont on ne verroit pas la fin ; que son mariage avec Maximilien ne pouvoit garantir ses États ; que ce Prince étoit pauvre, occupé en Flandres, et trop éloigné de la Bretagne ; que cette Province seroit toujours exposée aux incursions des François, et qu'elle seroit ravagée et pillée avant qu'il pût y apporter du secours. Qu'à l'égard des scrupules qu'elle avoit de rompre son mariage, ils lui représentèrent, qu'il n'avoit point été consommé ; que l'église avoit accordé plus d'une fois la dissolution des mariages faits par Procureur ; que jamais le saint Siège n'avoit eu de plus fortes raisons faire cette grace, puisqu'il s'agissoit du salut d'une grande Princesse, du soulagement de l'État, et de mettre fin à une guerre sanglante et cruelle.

Quelques convaincantes que fussent ces raisons, la Duchesse ne se rendoit pas"

Finalement, Anne se rend aux raisons de ses conseillers.

" Le Conseil étoit gagné par le Roi, et les autres étoient fatigués de la guerre. Ainsi lorsque l'affaire du mariage fut proposée, elle ne souffrit pas de grandes difficultés. L'état de la Bretagne, les villes ruinées, les campagnes désolées parloient en faveur du Roi. L'éloignement de Maximilien qui s'étoit laissé prévenir ; la présence d'une armée redoutable, et les pratiques secrettes des partisans de la Cour firent conclure pour le mariage du Roi avec la Duchesse. Anne fut obligée de faire céder la fierté de ses sentiments à la nécessité et aux vœux de ses peuples ; elle consentit enfin à épouser le Roi. Ce prince qui apprit cette agréable nouvelle par le Duc d'Orléans en fut extrêmement joyeux". cxxxvii

On voit que les auteurs ont "dédramatisé " les évènements. On aura noté que ce qui a été acquis à la suite de défaites militaires cruelles se transforme d'une manière heureuse, la Duchesse étant contrainte, en définitive "de faire céder la fierté de ses sentiments à la nécessité et aux vœux de ses peuples".

Un beau mariage, tout compte fait : on est presque transporté  dans un conte de fée, loin du cataclysme évoqué par d'Argentré. Le commentaire final de cette fable philosophique tombe page 219, Maximilien ayant fait la paix en 1493 :

" C'est ainsi que finit la guerre excitée pour la succession du Duché de Bretagne. Cette acquisition si utile à la France fut le chef-d'œuvre de la politique de la Duchesse de Bourbon. Cette habile Princesse forma le dessein d'unir cette province à la Couronne dès les premiers jours de sa Régence… La foiblesse d'esprit du Duc François II, la mort de ce Prince, les factions qui diviserent les Seigneurs Bretons, la négligence de Maximilien, l'avare politique du Roi d'Angleterre furent autant de circonstances heureuses dont la France scut  bien se prévaloir pour hâter l'exécution de ce grand projet." cxxxviii.

Admirable encore est la relation de la "Réunion" par Dom Morice cxxxix, empreinte de neutralité, voire de bienveillance, et dont il ne transpire rien de péjoratif. Les faits sont décrits d'une manière chronologique :

" Le Roi [François Ier] … engagea la Reine Claude à donner dans son testament le titre de Duc de Bretagne au Dauphin son fils ainé.

Quoique les États ne fussent pas contens de cet arrangement, qui les privoit de l'espérance d'être couronnés par un Prince particulier, cependant ils souhaitoient fort que leur nouveau Souverain vînt prendre possession du Duché. Le Roi y consentit. Mais avant que le Dauphin parût en Bretagne, il voulut que la Province fût irrévocablement unie à la couronne. Cette grande affaire ne pouvoit se terminer sans le consentement des États ; le Roi les convoqua à Vannes pour le mois d'août, et s'avança lui-même jusqu'à Château-Brient, afin de donner plus de force aux raisons de ceux qu'il avoit gagnés, et qui avoient promis de se déclarer pour l'union dans cette assemblée. L'on tint plusieurs conseils à Château-Brient, où l'on chercha les moyens de lever les difficultés que l'on prévoyoit de voir se rencontrer dans cette affaire. L'on proposa plusieurs expédients ; mais enfin, après plusieurs conférences, l'on s'arrêta à celui que le président des Déserts avait suggéré au Chancelier Duprat, qui fut d'engager les États à demander eux-même au Roi l'union perpétuelle du Duché à la Couronne de France".

Les arguments d'opportunité de la "Réunion", non du processus utilisé, sont "balancés" selon le principe cher à l'auteur : thèse, antithèse, synthèse.

" Les Etats étant assemblés à Vannes au mois d'août, Monsieur de Montejan qui y présidoit comme Commissaire du Roi, proposa d'abord l'affaire de l'union. Elle souffrit de grandes difficultés de la part de ceux qui n'étoient pas gagnés de la Cour. Ils représentèrent avec force que ce projet tendoit à la ruine de la Province dont les privilèges seroient bien-tôt méprisés, les peuples vexés, la Noblesse attirée hors de la province, et les bénéfices conférés à des étrangers. Ceux qui étoient pour l'union représentèrent à leur tour que l'exécution de ce projet étoit le seul moyen de procurer à la Bretagne une paix solide et durable ; qu'il ne falloit point l'espérer, tant qu'il y auroit des Souverains particuliers ; que l'expérience du passé était une leçon pour l'avenir ; que les Ducs avaient toujours eu la guerre, soit avec la France, soit avec l'Angleterre ; qu'alors la Bretagne avoit été le théâtre des guerres les plus sanglantes ; que la Noblesse partagée entre les deux partis avait plus d'une fois porté le fer et le feu dans le sein de la patrie ; que tous ces malheurs dont on voyoit encore les restes dans les Villes et dans les Campagnes, pouvoient encore se faire sentir, si la Bretagne s'obstinoit à vouloir être gouvernée par des Souverains particuliers ; que le Roi de France n'étoit pas d'humeur à laisser échapper une Province de cette étenduë et qui servoit de rempart à ses États. Que si quelqu'un vouloit lui en disputer la possession, il falloit s'attendre à voir la Bretagne en proie aux Anglois et aux François ; que l'union était le seul moyen de prévenir ces malheurs ; qu'à l'égard des privilèges de la Province, que les États appréhendoient de perdre, l'on pouvoit prendre des mesures pour les mettre en sûreté ; que le Roi n'en refuseroit pas la conservation, si on la lui demandoit ; que d'ailleurs quant il y auroit  quelque chose à perdre de ce côté là, cet inconvénient n'étoit point comparable à la paix solide que l'on ne pouvoit se flatter d'avoir que par l'union du Duché à la Couronne".

On observe que les arguments sont les mêmes que ceux utilisés par d'Argentré. Mais ils sont présentés d'une toute autre manière. A partir de là, la conclusion paraît d'une logique irréfutable :

" Toutes ces raisons exposées en public et en particulier firent leur effet, et les États consentirent enfin à l'union … Il fut résolu que les États demanderoient l'Union, et cela se fit par une requête qui fut dressée le 4 août. Les États firent aussi-tôt une députation au Roi pour la lui présenter … Ils demandoient dans cette requête qu'il plût à sa Majesté de permettre que Monsieur le Dauphin fît son entrée à Rennes comme Duc et propriétaire du Duché ; que tout ce qui avoit été fait de contraire à cela fût cassé et annullé comme ayant été fait sans le consentement des États ; que l'usufruit et l'administration du Duché fût réservé au Roi, qu'il plût à sa Majesté d'unir à perpétuité le Duché de Bretagne à la Couronne de France, pour éteindre à jamais toute semence de guerre et de division entre les François et les Bretons…" " … Comme les Bretons ne purent empêcher cette révolution, ils firent tout ce qui dépendait d'eux pour conserver les droits et les privilèges dont ils avaient joui sous les Ducs…" cxl.

Qu'en termes galants …  la Couronne "gagne" à sa cause des partisans : pas un mot de concussion ni d'achat des consciences dans tout cela. L'opposition violente des patriotes se transforme en une phrase élégante : " L'union … souffrit de grandes difficultés de la part de ceux qui n'étoient pas gagnés par la Cour". Les droits et privilèges des Bretons sont conservés par la bienveillance royale. L'union était le seul moyen de prévenir des malheurs (sous entendu, mais non dit : de nouvelles invasions militaires par la France) ; les inconvénients de l'union étaient largement contrebalancés par " la paix solide  que l'on pouvoit se flatter d'avoir par l'union du Duché à la Couronne …" En langage moderne, on dirait que Dom Morice (en fait son successeur, Dom Taillandier) a brossé un tableau " soft " ou  " clean " de la réunion : tout y est lisse, rien ne dépasse, rien ne heurte ni ne blesse.

Tout le reste est à l'avenant. Les "dons " faits à Claude par son mari (celle-ci se dépossède en plusieurs temps de la totalité de ses revenus, puis de la propriété de son Duché et de toutes ses seigneuries : voir plus loin) cxli,sont de simples libéralités, n'appelant aucun commentaire que descriptif et chronologique :

" François, Duc de Valois, et Comte d'Angoulême, succéda au Roi Louis XII. A peine fut-il monté sur le throne qu'il songea à s'assurer de la Bretagne. Louis XII lui avoit fait don de cette Province, et lui en avoit laissé l'administration. Non content de cette cession, il s'en fit faire une autre par la Reine le 22 d'Avril 1515. Mais comme cette donation n'étoit qu'à vie, il l'engagea de lui en faire une seconde à titre d'héritage perpétuel, au cas qu'il lui survêcût sans avoir d'enfans d'elle. Ce second acte est du 28 de Juin de la même année." cxlii. Difficile d'être plus concis. Nous verrons plus loin qu'il y a lieu de commenter d'une autre manière ces étranges donations cxliii.

Même neutralité encore dans la relation que les deux auteurs font de la lente déchéance de la princesse Renée, éliminée de son propre héritage, et mariée à un prince italien afin de l'éloigner d'une manière définitive de la succession de Bretagne. Lobineau et Morice relatent comment elle fut promise le 23 mars 1515 à Charles d'Autriche (l'ex-fiancé de Claude) avec une dot énorme (six cent mille écus) ;

puis le 29 mai 1519 au fils de Joachim, Marquis de Brandebourg, avec une somme de cent mille écus d'or pour tous droits de succession de ses père et mère, et cent soixante quinze mille écus d'or pour ses droits de succession collatérale ; enfin à Hercule d'Este, principicule italien, avec une dot quasi ridicule pour une héritière si riche cxliv. Les réserves faites par les deux auteurs sur cette monstrueuse affaire sont singulièrement indulgentes. Lobineau écrit : " Le Chancelier Du Prat fit ce mariage, où il eut beaucoup plus d'égards aux intérêts de la Couronne, qu'à ceux de la Princesse. On garda même assez mal ce qu'on avoit promis à Renée de France". Le commentaire de Morice est encore plus sommaire : " Cette alliance si disproportionnée fut l'ouvrage du Chancelier Du Prat ". cxlv

 

3° Valeur des Histoires de Dom Lobineau et de Dom Morice cxlvi.

Malgré les réserves ci-dessus, les Histoires de Lobineau  et de Morice n'en sont pas moins des ouvrages de très grande valeur. Leur probité intellectuelle n'est pas en doute. Morice, malgré les reproches qui lui furent faits de céder à certaines sollicitations, ne fut pas le valet des rois. Ces livres sont de leur temps ; avec les contraintes qui s'exercèrent sur eux, et qu'ils ne purent éviter, les bénédictins ont dit ce qu'ils ont pu dire. A l'impossible, nul n'est tenu.

Leur style littéraire manque de caractère. Lobineau, en particulier, fut critiqué pour son style "simple et clair, mais sec et froid". Leur manière d'écrire est incolore, parfois insipide, mais pas entièrement sans saveur. De nombreux passages évoquent le style désuet et un peu niais de la Princesse de Clèves, de Madame de la Fayette, ou encore les romans précieux de Mademoiselle de Scudéry. Les hésitations de la Duchesse Anne, quant à savoir si elle doit ou ne doit pas épouser Charles VIII, telles que relatées par Dom Morice, évoquent les stances de Chimène ; cela manque d'éclat, mais non pas de charme. De nombreux auteurs modernes gagneraient à s'aligner sur cette sorte de style : ce serait mieux que ce qu'on lit habituellement.

Le meilleur, sans aucun doute, est constitué par le très important appareil de Preuves réuni par les auteurs. Le "Morice" compte plus de cinq mille pages de documents, imprimées en caractère de très petites dimensions : au total, près de vingt mille pages de nos caractères d'imprimerie actuels ; c'est impressionnant. Pour la fin de l'indépendance (année 1480 à 1532), l'auteur a accumulé plus de six cent cinquante pages de documents, soit deux mille pages en caractères modernes. Quiconque veut connaître cette époque se doit de lire ces témoignages dans leur totalité. A notre connaissance, aucun historien breton ne l'a fait à ce jour. D'où les erreurs colportées dans tous les manuels et dans toutes les histoires de Bretagne. On peut se demander d'ailleurs si nos deux auteurs, brimés par la censure, n'ont pas laissé là leur véritable testament : car la vérité se trouve toute entière dans les Preuves, sans qu'il soit possible de rien dissimuler d'essentiel.

De leur temps, les ouvrages de Lobineau et de Morice furent très commentés et très critiqués. Si peu qu'ils en aient dit dans leur texte, ce fut encore trop pour leurs censeurs français. En

particulier, des troubles graves étant survenus en Bretagne en 1720, l'abbé Vertot prétendit que Lobineau en était la cause, par ses idées séditieuses et ses exposés tendancieux :

" Les mouvements qui viennent d'arriver dans la Bretagne et qui, par la sagesse du gouvernement, ont été heureusement arrêtés, m'ont fait naître la pensée que les mauvais desseins de quelques Bretons étoient peut être l'effet d'anciennes erreurs où ils avaient été élevés au sujet des rois particuliers et des privilèges extraordinaires de cette province. Et comme les histoires de cette nation  ont été la source

de préjugés, j'ai cru que pour calmer les esprits, etc…."

" … Quelques uns même de ces écrivains [en marge du manuscrit du père Lobineau] ont osé distinguer ces droits [du roi sur la Bretagne] de ceux que ces princes exercent sur toutes les autres provinces du royaume…" cxlvii. Vertot, comme ses contemporains, s'indignait presque de l'esprit de liberté des Bretons. Ainsi le chevalier de Fontette qui écrivait, le 27 novembre 1766 :

" Où habiter dans cette Province ? Il ne s'y trouve pas un lieu qui ne soit infecté de principes et du langage républicains, et où toute autorité, quelque modérée qu'elle soit, ne paraissent une invasion sur la liberté ou, pour parler plus juste, sur la licence bretonne" cxlviii. En février 1767, il propose de " renverser les têtes rebelles et malvoulantes … l'exil d'une demi douzaine ferait rentrer les autres dans le devoir".cxlix

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