III / VIIIème siècle : les Bretons et les Carolingiens. Pépin et Charlemagne.
La famille des Mérovingiens régna jusqu'à Childéric. Celui-ci fut déposé, eut les cheveux coupés et fut enfermé dans un monastère xviii. Depuis longtemps, écrit Eginhard, cette lignée " avait perdu toute vigueur, et ne se distinguait plus que par le vain titre de roi ; la puissance publique était aux mains des chefs de sa maison, qu'on appelait Maires du palais, à qui appartenait le pouvoir suprême". En novembre 751, Pépin le Bref, fondateur de la dynastie carolingienne, fut sacré à Soissons xix. Avec lui commence une période énergique. La paix devient une exception. Le chef Breton Waroch ayant annexé la ville de Vannes à son domaine xx, Pépin organise une expédition contre la Bretagne, dès 753 : " Le Roi Pépin appris que Gripo, son frère, qui s'était enfui en Vasconie, avait été tué. Il conduisit son armée en Bretagne, s'empara du château de Vannes et assujettit (conquisivit) toute la Bretagne au parti des Francs". (Annales de Metz. La Borderie II, 3 e 4).
Si la victoire remportée par Pépin est telle que le rapporte le chroniqueur franc, il est vraisemblable qu'il a imposé aux Bretons un tribut ; mais les textes ne le mentionnent pas expressément.
Entre 753 et 786, les annales franques ne rapportent aucun fait marquant sur les confins occidentaux de l'empire xxi.
En 778, selon la version remaniée des annales royales, Roland meurt à Roncevaux. Il est désigné comme le " Préfet de la marche de Bretagne". Cette allusion fait présumer qu'à cette époque, la zone frontière entre le territoire occupé par les Bretons et le royaume franc a été organisée en une marche défensive xxii.
En 786, Charlemagne organise une nouvelle expédition contre la Bretagne. Eginhard donne pour cause à cette opération le refus des Bretons de payer le tribut xxiii. Aucun texte ne précise à quelle date ce tribut a été imposé, ni s'il a jamais été acquitté. Les annales royales relatent les faits d'une manière sommaire : "Le roi Charles envoya son armée en Bretagne avec son missus [envoyé], le sénéchal Audulf, et là, ils s'emparèrent de beaucoup de Bretons, de leurs châteaux et de leurs fortifications dans les marécages". (Annales regni Francorum. La Borderie, Tome II 4).
Une nouvelle expédition est conduite en 799, par Guy (Wido), préfet de la Marche : " En l'an 799, le comte Wido, qui commandait dans la Marche bretonne, envahit la Bretagne de concert avec les comtes placés sous ses ordres, la parcourut tout entière, et reçut la soumission de ce pays. Le roi [Charlemagne] étant revenu de Saxe, Wido lui présenta les armes des chefs bretons qui s'étaient soumis ; sur les armes de chacun d'eux était inscrit son nom, et chacun par cette remise entendait livrer au roi soi, sa terre et son peuple. Ainsi toute la province de Bretagne fut conquise par les francs, ce qui jusque là ne s'était jamais vu". (Annales regni Francorum, année 799. La Borderie, Tome II, 4). Cette citation intégrale permet de souligner, une fois de plus, combien suspectes sont les chroniques franques. Si celle-ci est exacte, elle met à néant l'affirmation précédente de la prétendue soumission de la totalité de la Bretagne en 753 par Pépin le Bref. Il est clair, en tout cas, que la Bretagne est encore divisée, puisque les chefs bretons font leur soumission d'une manière séparée.