04/10/2024 23:59
RENEE DE FRANCE EST SPOLIEE DE TOUS SES BIENS PAR FRANCOIS IER, le roi-bandit.
Encore une sottise lue sur la toile : Louis MELENNEC aurait omis de parler de Renée de France, fille d’Anne de Bretagne, spoliée de tous ses droits par François Ier, le roi-bandit.
Le présent article a été publié en 2O12, mais n’a pas été lu par les ignares, qui pourront ainsi remettre leurs connaissances à jour. Il est réactualisé en 2024.
RENEE DE BRETAGNE EST PROMISE PAR SA MERE ANNE ET SON PERE LOUIS XII au futur empereur du Saint Empire Romain germanique.
RENEE, PAR LA VOLONTE DE SES PERES ET MERE, EST MARIEE – par » paroles de futur » (per verba de futuro), c’est à dire fiancée – à CHARLES, futur Empereur.
Ecartée par son père du trône de Bretagne – quoique celui-ci, dans l’acte du 27 octobre 1514, réserve expressément les droits de sa fille au trône breton (Morice, Preuves, III, page 925), Renée n’en est pas moins destinée par la volonté du Roi son père et plus encore par celle de sa mère Anne de Bretagne, à un destin très brillant : tous deux veulent faire d’elle une Impératrice du Saint Empire, à tout le moins une reine, puisque tel est son destin naturel de fille des deux plus puissants Souverains d’Europe.
LE TRAITE DE BLOIS, DU 1er décembre 1513 : RENEE EST MARIEE A CHARLES, FUTUR EMPEREUR CHARLES QUINT.
Ce traité est intitulé : » Traité de mariage de Charles, Prince de Castille, avec Madame Renée de France, deuxième fille du Roi Louis XII « .
Les négociations en vue de son mariage futur avec Charles d’Autriche – ou à défaut avec son frère Ferdinand -, sont menées par le roi lui-même, et par Anne de Bretagne. (Il serait oiseux d’énumérer les projets de Louis XII pour sa fille Renée; voir cependant, René de Maulde la Clavière, Louise de Savoie et François Ier, Paris, 1895; cet ouvrage de très haute érudition est précieux. Pages 353, 357 et 358).
Le traité de Blois, conclu le 1er décembre 1513 par Louis XII, arrête les conditions du mariage futur de Renée et de Charles, alors prince de Castille, en sa qualité d’héritier de Jeanne la Folle, reine de Castille, ou, à défaut, du mariage de Renée et de son frère Ferdinand.
L’accord contient les dispositions suivantes :
» Le Roi donnera à sa fille, Dame Renée, la Duché de Milan, le comté de Pavie, la seigneurie de Gênes, pour elle et les descendants qu’elle aura de Charles ou de son frère « .
Les deux parties contractantes prennent toutes les précautions d’usage pour que le mariage ait bien lieu : serment sur les Saints évangiles et sur le canon de la messe, sur la vraie croix, serments prévus des princes, barons de leurs royaumes.
Le 16 novembre 1513, sous la pression de sa femme Anne de Bretagne, Louis XII fait don à sa fille Renée, de ses droits sur le Duché de Milan, le comté d’Asti, la seigneurie de Gênes (Sismondi, page 149; Dumont, Corps diplomatique, tome 4, pages 82-83), afin qu’elle les apporte en dot à son mari (Charles, ou, à défaut, son frère Ferdinand).
LE TRAITE DU du 24 mars 1515. LE MARIAGE FUTUR DE RENEE ET DE CHARLES EST CONFIRME PAR FRANCOIS Ier, à la mort de Louis XII, PAR LE TRAITE DU 24 MARS 1515 (Morice, Preuves III, pages 927 et suivantes).
Ce n’est, en aucun cas, pour respecter les volontés du roi défunt Louis XII, encore moins dans l’intérêt de la princesse Renée que le projet de mariage est confirmé entre CHARLES d’AUTRICHE, et FRANCOIS Ier le 23 mars 1515. Les deux souverains souhaitent ce traité pour des raisons politiques. En réalité, François Ier, a le projet, arrêté avant même la mort de Louis XII (De Maulde la Clavière, page …..), auquel il a succédé moins de trois mois auparavant, le Ier janvier 1515, d’envahir l’Italie, et de conquérir avec ses armées autant de territoires qu’il lui sera possible, en premier lieu le très riche duché de Milan, et le royaume de Naples. Être en paix avec Charles d’Autriche est un préalable à cette invasion. Renée étant duchesse de Bretagne de DROIT, en sa qualité de deuxième enfant d’Anne de Bretagne, et ayant des droits, par son père, sur le Duché de Milan, le comté d’Asti, la seigneurie de Gênes, il importe que les prétentions que Renée pourrait émettre dans le futur soient annihilées.
Le traité relatif au futur mariage de Renée et Charles fournit à François Ier les moyens d’éliminer sa belle-soeur. Personne n’est en mesure de protester, certainement pas la Bretagne, QUI N’A PLUS d’ARMEE, ni de gouvernement capable d’agir efficacement, ni, par conséquent, de politique.
Les clauses du traité de Paris, du 24 mars 1515 (Morice, Preuves III, 929 et 930; Lemonnier, page 133), sont ahurissantes, eu égard de l’importance de l’immense fortune des père et mère de la princesse (Morice, II, 248), et de ses droits à en hériter avec sa soeur Claude.
– LE SEUL AVANTAGE qui est concédé à la princesse Renée par la volonté de son beau-frère François 1er, est UNE DOT de six cents mille écus d’or, cent mille devant être payés le jour de la célébration » et de la consommation » du mariage, cent mille autres devant être payés un an plus tard. Pour le reste de la somme, soit les quatre cents mille écus restants, elle obtient la jouissance – non la propriété – du Duché de Berry, le roi en demeurant, bien entendu, le souverain.
– RENEE RENONCE (plus exactement, son beau frère renonce pour elle, par une spoliation invraisemblable), à tous ses droits sur le duché de Bretagne (qu’elle tient du traité de janvier 1499, signé par ses père et mère à Nantes), et sur le duché de Milan, sur le comté d’Asti, qui jouxte ledit duché, et sur la seigneurie de Gênes (qu’elle tient de son père Louis XII, qui lui en a fait don, par un acte solennel du 16 novembre 1513, sous la pression d’Anne de Bretagne (Jean Dumont, Corps diplomatique, page 177). Le traité du 24 mars précise bien que les avantages ci dessus, qui lui sont consentis en faveur de son mariage avec Charles représentent TOUS » les droits successifs du côté paternel et maternel, ainsi que la dot qui lui est due par la couronne (de France), comme fille de roi. Comme si ce n’était pas assez clair, il répète, plus loin : » Dame Renée …. renoncera entièrement à tous droits de succession paternelle et maternelle …. » (Morice, Preuves, III, page 930).
D’une façon ostensible, François 1er affiche désormais les titres de » Duc de Milan » et de » Seigneur de Gênes « , qu’il s’est appropriés par une décision unilatérale, alors que ces droits ont été officiellement concédés à Renée par son père. Son expédition en Italie, dès lors, doit seulement lui permettre de prendre possession des seigneuries qu’il considère comme siennes, et qui ne lui appartiennent ni de près ni de loin.
Ce prétendu traité est une monstruosité juridique. Renée n’est ni en âge de comprendre ce qui se passe, ni partie au contrat. C’est une spoliation quasi invraisemblable de la princesse que son protecteur et tuteur ose réaliser : le roi dispose, à son avantage exclusif, par simple traité, de principautés – considérables pour la Bretagne, Milan et Gênes -, qui ne lui appartiennent pas. De surcroît, la Bretagne n’est en rien consultée. Or, à supposer qu’un tel renoncement de l’héritière légitime du trône fût possible, SEULES LES AUTORITES BRETONNES COMPETENTES POUR L’ AUTORISER (en particulier LES ETATS DE BRETAGNE) ont compétence pour signer un tel acte, CE QU’ELLES N’AURAIENT CERTAINEMENT PAS FAIT, la Bretagne étant un pays souverain, et ayant depuis mille ans, démontré à quel point les Français sont honnis dans le Duché.
Ce double acte de cession, conclu par le roi étranger François 1er au nom de sa belle soeur, EST DONC NUL, DE NULLITE ABSOLUE. On va comprendre, plus loin, les arguments juridiques que Renée invoquera lorsqu’elle attaquera en justice le roi Charles IX de France, pour que ses biens lui soient rendus.
PEU A PEU, RENEE EST PRECIPITEE DANS LE NEANT PAR LE ROI DE FRANCE, SON BEAU FRERE, TUTEUR, GARDIEN, ET PROTECTEUR NATUREL.
Même dépossédée de tous ses biens par son beau frère et protecteur naturel, François Ier, la situation de la jeune princesse peut encore, à cette époque, être considérée comme un parti très brillant, au moins d’une manière relative : si elle et Charles survivent jusqu’à l’âge de s’ unir en légitime mariage, elle deviendra Impératrice, destin qui avait été promis à sa mère Anne de Bretagne, lorsqu’elle épousa Maximilien d’Autriche, par procuration à Rennes, en décembre 1490, mariage réduit à néant à la suite de l’invasion de la Bretagne par les hordes françaises en 1491, puis à sa soeur Claude par les traités de 1501 et 1504.
Cette situation ne va pas durer longtemps. La suite va illustrer, parmi les autres exactions accomplies par François Ier, ce qu’est moralement ce triste sire.
RENEE EST » DEMARIEE » PAR SON BEAU FRERE FRANCOIS Ier EN 1516 par le traité de NOYON.
L’occasion propice pour rompre le traité conclu avec Charles d’Autriche survient dès l’année suivante.
Claude se révèle une reine extrêmement prolifique. En six ans, Anne de Bretagne avait donné six enfants à Charles VIII. Claude, en neuf ans de mariage (1515 – 1524), donne à François 1er ….. SEPT ENFANTS !
Le premier enfant, né en 1515, est une fille, que l’on prénomme LOUISE. Cette naissance paraît à François 1er une bien meilleure affaire pour son alliance avec Charles d’Autriche. Il a l’audace de proposer à celui-ci, que dans leur alliance, Renée soit éliminée de ce mariage futur convenu entre les deux souverains, et que la princesse LOUISE, âgée de UN AN (!), soit substituée à Renée. Celle-ci n’aura été la promise du futur Empereur d’Autriche que durant UN AN. Le futur Empereur a l’impudeur d’accepter la nouvelle combinaison qui lui est proposée, pour des raisons politiques.
A dire vrai, Renée n’est pas entièrement jetée par dessus bord : car elle peut encore, dans le cadre de ces négociations, être utile à son beau frère. Il est donc stipulé que Charles épousera Louise – ou toute autre fille du roi, si le mariage avec Louise ne peut se faire, par exemple si elle vient à mourir ! -, et que Renée, si les mariages avec les filles de son beau frère défaillent, c’est elle que Charles épousera. En somme, la fille de la grande Anne de Bretagne devient une fiancée de troisième rang, UNE REMPLACANTE ! François 1er, à cette époque, a impérativement besoin de son alliance avec Charles d’Autriche : Renée sert donc, si l’on peut hasarder ici cette expression, de roue de rechange.
Mais elle perd, bien entendu, déjà dépouillée de toute sa fortune, le duché de Berry, inclus dans sa dot en cas de mariage avec Charles d’Autriche. François 1er, qui a couvert sa mère, l’insatiable LOUISE de SAVOIE, de duchés, comtés, seigneuries nombreuses, donne en toute impudeur la jouissance de ce duché de Berry à sa soeur Marguerite. Ni duchesse de Bretagne, ni duchesse de Milan, ni reine de Naples, ni ceci, ni cela, ni cela encore …. Renée est une » pensionnaire » fort encombrante de la Cour de France.
Renée va être plongée dans un abîme, ou à peu près …
Ces combinaisons sont en soi incroyables. Mais elles ne sont qu’un début.
NOUVELLE DECHEANCE : RENEE EST PROMISE A JOACHIM, FILS DU MARGRAVE DE BRANDEBOURG (Mignet, pages 121 et suivantes; …..).
On a souvent perdu de vue que François Ier a été candidat à l’Empire, lors des élections de 1519, quatre ans seulement après son accession au trône de France. Né le 12 septembre 1494, il a alors 25 ans. Son concurrent au trône impérial est de taille : Charles d’Autriche, l’ex-fiancé de Claude et de Renée, petit fils de l’Empereur Maximilien. Il n’y a pas de bassesses que ne commet François Ier pour parvenir à ses fins. A ceux de ses conseillers qui lui recommandent d’agir noblement (car il affecte d’être un Chevalier), et de n’employer ni la force, ni la corruption par l’argent, il répond négativement, et que tous les moyens lui seront bons pour parvenir à ses fins (Mignet, page …).On sait, aujourd’hui, par quels moyens il s’est emparé de la Principauté Haute et Noble de Bretagne).
L’Empire est à l’époque une vaste confédération de royaumes, de principautés, de duchés, de comtés, de villes libres, de margraviats, de landgraviats, de principautés ecclésiastiques de diverses sortes, de seigneuries multiples …. une mosaïque d’Etats et de principautés ressemblant à un capharnaüm, à un bric-à-brac … L’ensemble du » système » est » coiffé » par un Empereur élu. Depuis la » bulle d’or « , promulguée en 1356 (voir ce nom), sept princes seulement sont électeurs, parmi lesquels le Margrave de Brandebourg. L’élection se déroule habituellement à Francfort. Elle confère à l’élu le titre de » Roi des Romains « , dans l’attente du décès de l’Empereur en fonction, auquel il succèdera un jour, après être couronné. (On se souvient qu’Anne de Bretagne, mariée à Maximilien d’Autriche, a porté le titre de reine des Romains pendant un an, jusqu’à son mariage contraint avec Charles VIII de France, en décembre 1491).
Dans l’empire, la » campagne électorale » est à base de corruption, de versements aux électeurs de sommes considérables, de promesses de toutes natures, d’avantages accordés à leurs parents, leurs clients … ON SE CROIRAIT EN FRANCE : au pays des droits de l’homme, on ne verse plus d’argent aux suppôts des candidats, mais on se partage les » dépouilles » avant même l’élection présidentielle : les postes de premier ministre, de ministres, de présidents de l’assemblée dite nationale, du sénat, du conseil économique et social, etc., font l’objet d’âpres marchandages sur le dos des citoyens.
Pour devenir Empereur du Saint Empire, il faut convaincre les électeurs de voter pour François Ier. Celui-ci envoie donc en Allemagne de nombreux ambassadeurs, délégués, émissaires … D’ incessantes correspondances sont échangées (il en subsiste de nombreuses). Le » ratissage » est systématique : tous les électeurs sont en rapport avec la Chancellerie française, harcelée par elle, qui est dirigée par le cardinal DUPRAT, dont la moralité est l’exact reflet de celle de son Maître le roi François Ier.
L’un des Grands Electeurs, le Margrave de Brandebourg, présente plusieurs avantages. Le Margrave ( les margraves sont des » marquis « , dont le rôle, au moins à l’origine, est de défendre les frontières), est à la tête d’une principauté qui jouxte la Pologne, à l’est de l’Allemagne actuelle, à une grande distance du royaume de France. François trouve là le moyen de gagner UNE voix (il en faut quatre, soit la majorité), voire DEUX VOIX si le margrave parvient à entraîner avec lui son frère l’archevêque de Mayence, également Grand Electeur. Le Brandebourg est une province pauvre et peu peuplée. Son Souverain est éminemment achetable; dans l’Empire, on le surnomme » le prince des avares « ; il peut donc, sans guère de difficultés, être acheté, à condition d’y mettre le prix. Fait notable, il est pourvu d’un fils, prénommé JOACHIM. François 1er décide de proposer au margrave de marier Renée à Joachim. Le moyen est excellent : on case enfin Renée; on s’en débarrasse; on l’expédie à l’autre bout de l’Allemagne; on n’en entendra plus parler, attendu que son mari n’aura jamais d’armée pour réclamer au roi de France l’héritage de sa femme. Proposition bien sûr acceptée. Le tout à peu de frais, comme on va le voir.
Les négociations entre Cour de France, le Margrave et son frère l’archevêque de Mayence, lui aussi grand électeur, sont aussi peu » ragoûtantes » que possible. La documentation est abondante. On dénombre au moins TROIS traités, datés des ….
Résumons, et simplifions :
– Le Margrave et son frère, l’archevêque de Mayence, personnage également corrompu, s’engagent à apporter leurs voix à François 1er, lorsque la Diète sera réunie à Francfort.
– Renée – âgée de 7 ans en 1517, sera promise au fils du Margrave ….
– Une somme de …..
– Une fois de plus, une clause de renonciation de Renée à son héritage est incluse dans les traités de mariage.
Le Margraviat de Brandebourg préfigure ce va être le duché de Ferrare neuf ans plus tard. Un pays sans moyens militaires, très éloigné de la France, dont le souverain sera plus que flatté de devenir proche parent du mirifique roi de France, qui coûtera peu d’argent à acheter, et qui jamais ne viendra réclamer à celui-ci l’héritage fabuleux qu’il a volé à sa belle soeur Renée.
Au moment des dernières » tractations » (1518 – 1519), la princesse, âgée de 9 ans, n’est pas même au courant des négociations dont elle est la pièce centrale, en tous cas de leur teneur.
1519. CHARLES EST ELU ROI DES ROMAINS. LES ELECTEURS ENCAISSENT LES SOMMES ENORMES QUE FRANCOIS Ier LEUR A ADRESSEES.
RENEE se retrouve sans fiancé : pas même un fils de Landgrave allemand à l’horizon!
Toute l’énergie dépensée par la Chancellerie française, dirigée par le corrompu cardinal DUPRAT (celui-là qui instrumentralisera l’annexion de la Bretagne en 1532) se révèle vaine. Malgré les sommes considérables versées par François Ier aux grands électeurs, ceux-ci élisent son concurrent Charles d’Autriche. Ils sont princes allemands, et n’ont aucune envie de devenir français. Charles d’Autriche est proclamé roi des Romains le 28 juin 1519; il sera couronné en 1530 (Lemonnier, La lutte contre la maison d’Autriche, page 20).
Renée perd un fiancé de plus. Sa » valeur » sur le marché matrimonial européen, à ce moment, est très dépréciée.
1528. L’INCROYABLE MESALLIANCE : LA FILLE DU ROI LOUIS XII ET DE LA DUCHESSE DE BRETAGNE EPOUSE LE DUC HERCULE DE FERRARE (1528).
Les années passent. François 1er a envahi l’Italie dès le mois d’ août 1515, sept mois après son accession au trône de France. Il a été vainqueur à Marignan, le 14 septembre suivant (Lemonnier, page 136). Mais il a été fait prisonnier à Pavie, en
1525. Les deux » alliés » des traités de Paris et de Noyon sont devenus des ennemis féroces. Charles d’Autriche, qui n’a pourtant rien d’un animal furieux, se montre intraitable. Sans cesse trompée – et humiliée – par la France, n’ayant plus depuis longtemps la moindre créance dans les promesses de ce pays, la Maison d’Autriche tient les moyens de se venger. Il ne faut pas croire que les descendants de Maximilien, jadis marié à Anne de Bretagne, en 1490, ont » digéré » son humiliation, ni celle résultant de la dénonciation du mariage de Claude de France et de Charles d’Autriche convenu par les traités de 1501 et 1504. Les textes de l’époque, et pas seulement autrichiens, démontrent à quel point ces affaires ont laissé de traces dans les consciences.
Après Pavie, Charles Quint fait emprisonner François 1er à Madrid, dans des conditions impitoyables, et exige pour sa libération une somme considérable. Après de longues négociations, un traité, dit » de Madrid » est signé, le 14 janvier 1526. La libération de François Ier est assortie de conditions drastiques : au moment ou le roi de France, sorti de sa prison, franchit la frontière, pour regagner son pays, deux de ses fils la franchissent en sens contraire, pour être gardés en otages en Espagne, sous l’oeil vigilant de Charles. Ils sont emprisonnés, dans des conditions très dures de 1526 à 1530.
A peine rentré en France, François Ier, bien qu’ayant juré sur les évangiles de respecter ses engagements, dénonce le traité signé avec Charles, prétendant que son consentement a été forcé, ce qui est faux, absolument. Une fois de plus, l’Empereur est trompé. Il en est tellement ulcéré, qu’il propose à François 1er de se mesurer avec lui en combat singulier !
Lorsque Renée se marie, en 1528, elle a 18 ans, âge tardif pour un princesse de ce rang. Les candidats à sa main n’ont évidemment pas manqué. Parmi eux : Charles, futur Empereur, Ferdinand, son frère cadet, qui devient Empereur à son tour, de 1558 à 1564 , Gaston de Foix, fils de la soeur de Louis XII (l’un des projets du roi est de marier sa fille et son neveu, et de leur céder ses droits sur la royaume de Naples), le duc de Savoie, le roi du Portugal, Henry VIII, roi d’Angleterre, le connétable de Bourbon (qui, après la défaite de François Ier à Pavie, cultive plusieurs projets, dont ceux de poser sur sa tête la couronne royale de France, ou de démembrer le royaume, une partie revenant à l’Empereur Charles Quint, une autre partie au roi d’Angleterre, une troisième à lui même, pour en constituer un royaume dans le sud de la France dont il deviendrait le souverain, royaume composé de ses anciens Etats confisqués par François 1er, agrandis de la Provence ( Mignet, pages 73 et suivantes, en particulier la page 81. Sur la puissance considérable du connétable de Bourbon : Mignet, page 364; sur le projet de mariage : Sismondi, tome 11, Paris, 1837, page 264; ZUM KOLK, note 3).
Les princes qui aspirent à la main de Renée sont tous des personnages considérables, appartenant aux principales familles royales d’EUROPE, ou même en passe de devenir rois.
Ce mariage avec la maison italienne d’Este est une grave mésalliance, pour des raisons évidentes, dénoncée par tous les auteurs du temps : comparé à ceux qui ont aspiré à épouser Renée, malgré la prospérité de Ferrare, il est une sorte de puceron politique, guère davantage.
Contrairement à ce qu’on peut lire dans certains ouvrages, le mariage de Rénée et du duc de Ferrare n’est en aucun cas motivée par la nécessité pour la France, dans ses visées de conquête en Italie, de s’assurer une alliance militaire indispensable. Cette alliance lui est assurée.
La principauté de Ferrare est exigüe, et s’il est vrai que son impressionnante forteresse et les quelques milliers de soldats qu’elle peut mettre à la disposition du roi de France ne sont pas d’un intérêt négligeable, la principauté a davantage besoin de la France que la France n’a besoin de la principauté. Celle-ci, en effet, est menacée par ses ennemis traditionnels, qui aimeraient bien la dépecer, et se partager ses dépouilles : au nord, la puissante république de Venise; au sud, les Etats du Pape. Elle est périodiquement en guerre contre ces deux puissances, et doit de surcroît se défendre contre les convoitises de ses autres voisins. Sa survie passe, notamment, par la protection et les alliances qu’elle recherche en fonctions des circonstances. Ferrare, par nécessité, est un allié versatile, toujours contraint de se ranger du côté du plus fort (voir l’excellent article de Gabriel BRAUN, ci-après). Au point que, à certains moments, elle doit même verser une somme non négligeable au roi de France pour que celui-ci la protège (Zum KOLK, notes).
Tous les auteurs du temps, toutes les cours européennes sont au courant de la situation de Renée, car elle est l’une des princesses considérables du temps à marier. L’Empereur Charles Quint, plus que les autres, puisqu’il fut fiancé à Claude (1501 et 1504), et à Renée (1513 et 1514), et deux fois trompé par la France. Les alliances des familles royales et princières de ce temps sont très étroites, et se font souvent entre proches parents. Ce milieu très fermé est informé de tout. Les grandes principautés sont parfaitement renseignées par leurs espions et leurs ambassadeurs, surtout les principautés italiennes. Lorsque le mariage avec le petit duc de Ferrare – qui n’aurait jamais osé lever les yeux si haut – est déclaré, on n’est certes pas étonné – la réputation internationale de François Ier est exécrable -, mais plutôt scandalisé. A ce moment, Charles d’Autriche, jadis promis à Claude de Bretagne, par les traités de 1501 et 1504, puis à sa soeur Renée de Bretagne, roi des Romains depuis 1519, est en voie d’être couronné Empereur. Il est déjà l’homme sur les terres de qui le soleil ne se couche jamais, car, outre les royaumes et principautés nombreuses qu’il possède en
Europe, il est aussi à la tête d’un très vaste empire outre-mer. Les évènements de Bretagne sont très récents, et très présents dans les esprits : les invasions françaises
(1487, 1491), le mariage d’Anne de Bretagne avec Maximilien (1490), le remariage de la princesse avec Louis XII (1499); l’éviction des héritiers naturels du trône de Bretagne, la rupture par la France des contrats de mariage avec Claude (1506) et Renée (1516); les claires visées de la France sur la Bretagne, encore indépendante, bien qu’occupée et étroitement contrôlée par les Français (1528). La haine que portent nombre de souverains européens à l’égard de François Ier, notamment l’Empereur Charles Quint, est féroce : le personnage, pour eux, est réduit à sa véritable valeur, qui est fort loin d’être un gentilhomme. Les Bretons le détestent, ses visées sur la Bretagne sont archi-connues. On le sait sans aucun scrupule, et capable de tout.
Le contrat de mariage que François Ier et le Chancelier de France Duprat, font signer à René en 1528 est littéralement scandaleux . (Morice, Preuves, III, pages 980 à 984) :
– On lui reconnait – en théorie -, comme fille de France, une somme de 250 000 écus d’or au soleil, payables le jour des épousailles.
– La France n’étant pas en mesure, en raison du déficit énorme creusé dans les finances du royaume par la gestion désastreuse du roi et de sa mère, et des dépenses immenses des terres d’Italie – et la volonté de continuer à tromper sa belle-soeur, qui n’a aucun moyen de se défendre contre ces exactions, il est convenu que 50 000 écus d’or seulement, seront versés le jour du mariage. Le reste, en principe, sera compensé par la jouissance – non la propriété -, de plusieurs terres ou seigneuries, censées procurer à Renée un revenu de 10 000 écus d’or de rente ou de revenu annuel.
– Ces terres et seigneuries sont les suivantes : le comté de Chartres, érigé en duché en faveur du mariage de Renée – ce qui ne coûte pas un sou à la monarchie; le comté de Gisors; la seigneurie de Montargis. Ce sont des seigneuries misérables, comme nous le verrons plus loin.
– La monarchie, ruinée par ses dépenses insensées, n’étant pas même en situation de verser le quart de la somme convenue (soit 50000 écus), s’arroge le droit de transformer le versement de cette somme en une rente de 2500 écus. C’est donc une rente de 12 500 écus que percevra Renée …… si la France respecte ses engagements !
– Bien entendu, on fait signer à Renée, une nouvelle fois, sa renonciation à tous les biens qui lui viennent de son père et de sa mère, en premier lieu le Duché de Bretagne.
Nous allons voir plus loin que ces clauses théoriques, quoique très gravement préjudiciables à Renée, NE SERONT EVIDEMMENT PAS RESPECTEES.
LES NOUVELLES VIOLATIONS PAR LA FRANCE DE SES ENGAGEMENTS.
La France, après toutes ces exactions dont Renée a été victime, ne respecte pas ses engagements :
– La dot de 250000 écus ne sera jamais payée. Pas davantage les 50000 écus promis le jour du mariage. Il se produit même un fait cocasse : le jeune duc de Ferrare s’étant rendu en France pour se marier avec Renée, François 1er, vu l’état des finances, dont il porte avec sa mère la responsabilité, demande à son futur beau-frère …… de lui prêter 50000 écus !!!!
– La rente promise est payée irrégulièrement. De telle sorte que Renée est contrainte de batailler pour obtenir ce qui lui est dû.
– Les terres dont la jouissance lui a été accordée (Chartres, Gisors, Montargis …), sont d’un rapport très médiocre. Renée doit assumer sur ses maigres recettes des frais de gestion, de réparations, de remise en état … Elle assure elle-même la gestion de ses biens, par une correspondance suivie avec ses chargés d’affaires en France (grâce à la thèse de MORGAT, et à son patron de thèse, Yves - Marie Bercé, de l’Institut, qui nous a mis en rapport, j’ai eu accès aux chiffres, correspondances, procès, etc. Ces recherches se sont faites à Paris, non en Bretagne, bien entendu).
– Elle est soumise à des tracasseries multiples, et doit soutenir plusieurs procès.
– Le comté de Gisors lui est enlevé, pour être donné au frère du roi. Elle doit donc intenter de nouvelles actions auprès de celui-ci, pour récupérer son bien. On lui dit que cela a été fait » par inadvertance « ; ce qui est faux : il est de notoriété publique que la jouissance du comté lui appartient, et à elle seule.
D’après ce que l’on sait, Renée n’a réalisé l’effroyable spoliation dont elle a été victime de la part de son beau frère François Ier que sur le tard (Alain MORGAT), probablement avant la mort de son mari Hercule d’Este. A-t-elle, dans sa jeunesse, été amoureuse de son beau-frère, qu’on dit avoir été le plus bel homme du royaume ? Personne ne l’atteste d’une manière certaine. En tout cas, comme tout le monde, elle a tremblé devant lui, car cet homme en apparence aimable, jovial, faisant participer la cour à sa vie de débauches et de plaisirs, inspirait à tous une terreur justifiée (un trait d’une extrême cruauté, entre autres : les malheureux paysans surpris à braconner dans ses terres étaient emprisonnés, envoyés aux g
LE MARIAGE DE RENEE DE FRANCE.
Les années passent. François 1er a envahi l’Italie dès le mois d’ août 1515, sept mois après son accession au trône de France. Il a été vainqueur à Marignan, le 14 septembre suivant (Lemonnier, page 136). Mais il a été fait prisonnier à Pavie, en 1525. Les deux » alliés » des traités de Paris et de Noyon sont devenus des ennemis féroces. Charles d’Autriche, qui n’a pourtant rien d’un animal furieux, se montre intraitable. Sans cesse trompée – et humiliée – par la France, n’ayant plus depuis longtemps la moindre créance dans les promesses de ce pays, la Maison d’Autriche tient les moyens de se venger.
(Il ne faut pas croire que les descendants de Maximilien, jadis marié à Anne de Bretagne, en 1490, ont » digéré » son humiliation, ni celle résultant de la dénonciation du mariage de Claude de France et de Charles d’Autriche convenu par les traités de 1501 et 1504 : les textes de l’époque, et pas seulement autrichiens démontrent à quel point ces affaires ont laissé de traces dans les consciences).
Charles Quint fait emprisonner François 1er à Madrid, dans des conditions impitoyables, et exige pour sa libération une somme considérable. Après de longues négociations, un traité, dit » de Madrid » est signé, le 14 janvier 1526. La libération du roi est assortie de conditions drastiques : au moment ou le roi de France, sort de sa prison, franchit la frontière, pour regagner son pays, deux de ses fils - le dauphin François et son frère Henri -, la franchissent en sens contraire, pour être gardés en otages en Espagne, sous l’oeil vigilant de Charles. Ils sont emprisonnés, dans des conditions très dures de 1526 à 1530.
A peine rentré en France, François Ier, bien qu’ayant juré sur les évangiles, dénonce le traité conclu avec Charles, prétendant que son consentement a été forcé, ce qui est faux, absolument. Une fois de plus, l’Empereur est trompé. Il en est tellement ulcéré, qu’il propose à François 1er …. de se mesurer à lui en combat singulier !
François Ier décède en 1547. Henri II, son fils, lui succède.
Hercule d’Este meurt en 1559. Renée lui a donné cinq enfants. Rien ne la retient dans la péninsule; elle rentre en France en 1560. Rentrée en France, elle intente un procès à son neveu le roi de France Charles IX (1550 - 1574), et réclame de rentrer en possession de tous ses droits, y compris le trône de Bretagne.
Même dépouillée de sa fortune par la France, du temps qu’elle était jeune, elle était restée un parti fort intéressant pour ceux qui la demandèrent en mariage. Car outre la dot qui lui eût été versée, comme fille de France, et la jouissance des seigneuries qui lui eussent été reconnues, elle restait, en droit, l’héritière légitime du magnifique Duché souverain de Bretagne, et possédait des droits sur le Duché très prospère de Milan, sur le royaume de Naples, et sur bien d’autres seigneuries. Nul doute que si elle avait épousé un roi puissant, ou même le connétable de Bourbon, ces hauts personnages se seraient manifestés, LES ARMES A LA MAIN, pour réclamer les biens de leur épouse. Le misérable mariage de Ferrare écarte péremptoirement cette menace terrible.
(Pour mémoire, rappelons que les effectifs d’une grande armée à cette époque sont de 20 à 30000 hommes; même le connétable de Bourbon, l’un des candidats à la main de Renée, non roi, peut mobiliser 20000 hommes, tant sa fortune est grande. Tous se souviennent qu’à Saint-Aubin-du-Cormier, l’armée bretonne comptait 12000 hommes, l’armée française 18000. Le duc de Ferrare ne peut guère mobiliser que 2000 hommes, encore seulement à proximité de son duché : il est donc hors de question qu’il puisse rien réclamer au roi de France).
LA FILLE DU ROI LOUIS XII ET DE LA DUCHESSE ANNNE DE BRETAGNE EPOUSE LE DUC HERCULE DE FERRARE (1528).
Lorsque Renée se marie, en 1528, elle a 18 ans, âge tardif pour un princesse de ce rang. Les candidats à sa main n’ont évidemment pas manqué. Parmi eux : Charles, futur Empereur, Ferdinand, son frère cadet, qui devient Empereur à son tour, de … à …..; Gaston de Foix, fils de la soeur de Louis XII (l’un des projets du roi est de marier sa fille et son neveu, et de leur céder ses droits sur la royaume de Naples), le duc de Savoie, le roi du Portugal, Henry VIII, roi d’Angleterre, le connétable de Bourbon (qui, après la défaite de François Ier à Pavie, cultive plusieurs projets, dont ceux de poser sur sa tête la couronne royale de France, ou de démembrer le royaume, une partie revenant à l’Empereur Charles Quint, une autre partie au roi d’Angleterre, une troisième à lui même, pour en constituer un royaume dans le sud de la France dont il deviendrait le souverain, royaume composé de ses anciens Etats confisqués par François 1er, agrandis de la Provence ( Mignet, pages 73 et suivantes, en particulier la page 81. Sur la puissance considérable du connétable de Bourbon : Mignet, page 364; sur le projet de mariage : Sismondi, tome 11, Paris, 1837, page 264; ZUM KOLK, note 3). Les princes qui aspirent à la main de Renée sont tous des personnages considérables, appartenant aux principales familles royales d’EUROPE, ou même en passe de devenir rois.
Ce mariage avec la maison italienne d’Este est une grave mésalliance, pour des raisons évidentes, dénoncée par tous les auteurs du temps : comparé à ceux qui ont aspiré à épouser Renée, malgré la prospérité de Ferrare, il est une sorte de puceron politique, guère davantage.
Contrairement à ce qu’on peut lire dans certains ouvrages, le mariage de Rénée et du duc de Ferrare n’est en aucun cas motivée par la nécessité pour la France, dans ses visées de conquête en Italie, de s’assurer une alliance militaire indispensable. Cette alliance lui est assurée. La principauté de Ferrare est exigüe, et s’il est vrai que son impressionnante forteresse et les quelques milliers de soldats qu’elle peut mettre à la disposition du roi de France ne sont pas d’un intérêt négligeable, la principauté a davantage besoin de la France que la France n’a besoin de la principauté. Celle-ci, en effet, est menacée par ses ennemis traditionnels, qui aimeraient bien la dépecer, et se partager ses dépouilles : au nord, la puissante république de Venise; au sud, les Etats du Pape. Elle est périodiquement en guerre contre ces deux puissances, et doit de surcroît se défendre contre les convoitises de ses autres voisins. Sa survie passe, notamment, par la protection et les alliances qu’elle recherche en fonctions des circonstances. Ferrare, par nécessité, est un allié versatile, toujours contraint de se ranger du côté du plus fort (voir l’excellent article de Gabriel BRAUN, ci-après). Au point que, à certains moments, elle doit même verser une somme non négligeable au roi de France pour que celui-ci la protège (Zum KOLK, notes).
Tous les auteurs du temps, toutes les cours européennes sont au courant de la situation de Renée, car elle est l’une des princesses considérables du temps. L’Empereur Charles Quint, plus que les autres, puisqu’il fut fiancé à Claude (1501 et 1504), et à Renée (1513 et 1514), et plusieurs fois trompé par la France. Les alliances des familles royales et princières de ce temps sont très étroites, et se font souvent entre proches parents. Ce milieu très fermé est informé de tout. Les grandes principautés sont parfaitement renseignées par leurs espions et leurs ambassadeurs, surtout les principautés italiennes.
Lorsque le mariage avec le petit duc de Ferrare – qui n’aurait jamais osé lever les yeux si haut – est déclaré, on n’est certes pas étonné – la réputation internationale de François Ier est exécrable -, mais plutôt scandalisé. A ce moment, Charles d’Autriche, jadis promis à Claude de Bretagne, par les traités de 1501 et 1504, puis à sa soeur Renée de Bretagne, roi des Romains depuis 1519, est en voie d’être couronné Empereur. Il est déjà l’homme sur les terres de qui le soleil ne se couche jamais, car, outre les royaumes et principautés nombreuses qu’il possède en Europe, il est aussi à la tête d’un très vaste empire outre-mer. Les évènements de Bretagne sont très récents, et très présents dans les esprits : les invasions françaises (1487, 1491), le mariage d’Anne de Bretagne avec Maximilien (1490), le remariage de la princesse avec Louis XII (1499); l’éviction des héritiers naturels du trône de Bretagne, la rupture par la France des contrats de mariage avec Claude (1506) et Renée (1516); les claires visées de la France sur la Bretagne, encore indépendante, bien qu’occupée et étroitement contrôlée par les Français (1528) … La haine que portent nombre de souverains européens à l’égard de François Ier, notamment l’Empereur Charles Quint, est féroce : le personnage, pour eux, est réduit à sa véritable valeur, qui est fort loin d’être un gentilhomme. Les Bretons le détestent, ses visées sur la Bretagne sont archi-connues. On le sait sans aucun scrupule, et capable de tout.
Le mariage est célébré à la Sainte Chapelle le 28 juin 1528.
Le contrat de mariage que François Ier et le Chancelier de France Duprat, font signer à René en 1528 est littéralement scandaleux (Morice, Preuves, III, pages 980 à 984) :
– On lui reconnait – en théorie -, comme fille de France, une somme de 250 000 écus d’or au soleil, payables le jour des épousailles.
– La France n’étant pas en mesure, en raison du déficit énorme creusé dans les finances du royaume par la gestion désastreuse du roi et de sa mère, et des dépenses immenses des guerres d’Italie, – il est convenu que 50 000 écus d’or seulement seront versés le jour du mariage. Le reste, en principe, sera compensé par la jouissance – non la propriété -, de plusieurs terres ou seigneuries, censées procurer à Renée un revenu de 10 000 écus d’or de rente ou de revenu annuel.
Ces terres et seigneuries sont les suivantes : le comté de Chartres, érigé en duché en faveur du mariage de Renée – ce qui ne coûte pas un sou à la monarchie; le comté de Gisors; la seigneurie de Montargis. Ce sont des seigneuries misérables, comme nous le verrons plus loin.
La monarchie, ruinée par ses dépenses insensées, n’étant pas même en situation de verser le quart de la somme convenue (soit 50 000 écus), s’arroge le droit de transformer le versement de cette somme en une rente de 2500 écus. C’est donc une rente de 12 500 écus que percevra Renée …… si la France respecte ses engagements.
Bien entendu, on fait signer à Renée, une nouvelle fois, sa renonciation à tous les biens qui lui viennent de son père et de sa mère, en premier lieu le Duché de Bretagne.